• Le Portrait de Dorian Gray

    Le Portrait de Dorian Gray

    Titre : Le Portrait de Dorian Gray
    Autre : The Picture of Dorian Gray
    Auteur : Oscar Wilde

    Genre : Fantastique

    Année : 2009
    Editeur : Pocket
    Prix : 3,45€

    Adaptaté en film sous le titre de Le Portrait de Dorian Gray

    Face à son portrait tout juste terminé, Dorian réalise sa propre beauté. Prenant également conscience que le portrait montrerait perpétuellement sa beauté et sa jeunesse tandis que lui vieillirait, il fait le vœu anodin que le procédé s'inverse.

     Ce livre fait partie du challenge 50 livres à lire avant de mourir

    - Un Petit Mot -

     

    Je vous évoquais l'été dernier ma passion pour ce titre d'Oscar Wilde. Une passion qui se sera bien faite attendre ! Cela aurait pu être bien pire. Je ne devais au départ rentrer en France que cet été. J'ai donc la chance d'avoir cet ouvrage entre mes mains bien plus tôt que je ne l'espérais ! Je vais être franche, bien que je le vois sur mes étagères, ce n'est pas ce qui a fait le plus tilt dans mon esprit. J'ai appris que le film passait à la télé en ce moment. Sur le cable. Par chance, avec ces choses-là, il y a des rediffusions. Et avec le net, je peux le voir bien après encore ! Ce n'est pas une raison pour trop trainer car après il ne sera plus disponible. Je m'étais déjà retenue de regarder le film, et même la simple bande annonce, lorsque j'ai appris son existence il y a quelques années. Je tiens encore bon malgré que le film s'offre à moi. Donc, pour céder à mon envie, je prends mon livre entre les mains que je tenais absolument à lire avant d'aborder le film.

    « Oui, il était assurément d'une beauté exceptionnelle, avec ses lèvres vermeilles finement dessinées, ses yeux bleus si francs, et les boucles dorées de ses cheveux.»

    Je me souviens encore de ce jour d'été à la librairie, lorsque j'ai dû choisir ce livre. Il n'existe pas qu'une seule traduction de cette œuvre et je ne savais vers laquelle me diriger. Je ne pensais pas encore à l'époque à lire en anglais, donc cette possibilité était exclue. Du coup je voulais une bonne traduction. Le libraire ne s'est pas trop exprimé face aux deux versions que la librairie proposait. Elles s'équivalaient. Tout est une question de préférence ensuite, car les formulations diffèrent légèrement. Sauf que je n'allais pas lire les deux pour me faire ma petite opinion. Une seule lecture me suffit amplement. Alors j'ai simplement tourné quelques pages pour voir un peu des deux côtés ce que pouvait donner un même passage. Une fois je préférais l'un, une fois l'autre... Je ne sais plus ce qui m'a fait décider cette édition plutôt que l'autre. Le prix? La couverture? Les explications qui me sont inutiles à la fin? Ma mémoire n'a pas jugé bon de conserver cette information. Je l'en remercie.

    « Nous vivons à une époque où seul le superflux est indispensable. »

    C'est la première fois, maintenant que j'y pense, que je lis le livre et enchaîne directement après avec le film. C'est bouleversant comme expérience je dois dire. Je trouve l'acteur bien choisi pour jouer le rôle de Dorian (Même s'il n'est pas blond et n'a pas les cheveux bouclés. Ca ne m'a même pas dérangé !). Les différences entre l'œuvre écrite et les images sont frappantes. L'histoire était plus que fraîche dans ma mémoire, je n'ai donc rien loupé de toutes les petites choses du film qui ne concordaient pas. Et il y en a ! Ce qui est le propre d'une adaptation... Ce que je retiendrais surtout, en revanche, c'est le "-16" apposé à côté de la fiche du film. J'ai lu le livre sans aucun problème, sans ressentir une once de peur ou de dégoût. Le film l'a fait. Donc je me suis me couché tard ce soir-là. L'autre élément marquant du film est le personnage d'Henry, qui, pendant une bonne partie du film, semblait être le diable incarné. Les plans bien choisit de la caméra accentuent grandement cette impression. C'était sans aucun doute fait pour. C'est un film intéressant à voir, qui reprend l'œuvre à sa façon en conservant la trame principale. Le film semble d'ailleurs être un mélange entre le récit d'Oscar Wilde et sa vie. Mais parlons de cette œuvre !

    « Y avait-il rien d'aussi vivant que les mots ? »

    J'ai pour la première fois pris conscience de ces "vieux" ou "grands" écrits du 19e. Oscar Wilde appartenait à la seconde moitié de celui-ci. J'ai retrouvé ces longs discours et descriptions que l'on ne trouve plus aujourd'hui dans nos "Bestsellers". Le plus étonnant est sûrement que je n'ai pas été ennuyée par des descriptions allant jusqu'à la deuxième page. Il en est de même pour les dialogues. Les répliques courtes se font rares. Je pense qu'on peut globalement compter deux dialogues ainsi. Ils ne sont pas au début. Le reste du temps, les personnages étalent leurs pensées, expliquent les choses. Ils ne se contentent pas d'une seule phrase. Et cela est agréable. J'ai ressenti l'œuvre de l'auteur à travers ce style qui n'existe plus. Ces "classiques", comme on les appelle, qui nous révulsent lorsqu'on nous oblige à les lire au collège ou au lycée (voire à l'Université). J'ai eu la chance d'apprendre à les aimer. J'en suis grandement heureuse. Le texte est si riche ! Comme les écrits d'aujourd'hui peuvent paraître fade en comparaison !

    « Les autres écrivent une poésie qu'ils n'ont pas le courage de vivre. »

    À cette époque, les gens avaient des choses à dire et savaient les faire passer. Cela l'est moins à présent. Les choses ne se disent plus de la même façon. Nous aurions tendance à être plus direct, plus concis. Droit à l'essentiel et rapidement. Ne pas s'étaler. Ce livre semble le contraire ! Il est profond, il exprime et aborde tant de sujets ! Henry ferait enrager les féministes avec ses paroles, Dorian peut être comparé à Narcisse, Henry au diable, il est la tentation. Son influence sur Dorian est néfaste. Pourtant ce dernier ne s'en défera pas, charmé par les mots de son aîné. La folie va saisir Dorian, le menant à des actes inconsidérés. Les mots utilisés lorsqu'il s'agit des relations entre Dorian, Henry et Basil semblent parfois ambigües. Je dois dire qu'avec tant de pensées intéressantes, je ne cessais de gribouiller des passages sur mon carnet. Vous pouvez vous faire une petite idée avec les citations que j'ai éparpillées.

    « Comme on l'a dit, nous aimons avec nos oreilles tandis que les hommes aiment avec leurs yeux, s'il leur arrive jamais d'aimer. »

    Je dois tout de même avouer que je me suis sentie comme Dorian au début du roman. Lorsqu'il est encore un jeune naïf qui débarque dans le monde. Insouciant, avide d'apprendre, d'écouter les bons conseils de chacun tout en se souvenant de l'éducation de ses parents (Ne pas faire ceci ou cela). L'élégance, les bonnes manières et le respect. Lorsqu'il fait la rencontre d'Henry, Dorian est bouleversé. Il boit ses paroles tout comme je les ai bu. Il y a du vrai dans ce qu'il dit, tout comme ses mots peuvent révolter à d'autres moments. Il prend des gants, fait tout de même attention à la façon dont il dit les choses. Réussir à les faire passer avec humour, un peu de cynisme par là. À plus d'une reprise je me suis demandé s'il était sérieux ou non. Dorian sera charmé par ce personnage, si bien qu'il s'en fera un grand ami, qu'il le verra quotidiennement malgré l'influence qu'il exerce sur lui et dont il prend conscience.

    « La jeunesse est le seul bien qui vaille d'être possédé. Lorsque je me sentirai vieillir, je me tuerai. »

    « Je suis jaloux de toute beauté qui ne meurt pas. »

    L'histoire de Dorian est globalement connue de tous. Un portrait qui vieillit à la place du dit Dorian. Il manque juste le début et la fin, ce qui excitait ma curiosité. J'appris alors que tout débuta avec une "prière", pour reprendre le terme du livre. Un vœu anodin prononcé par Dorian lorsqu'il entend pour la première fois les paroles d'Henry, celle sur la jeunesse. Il voulut alors échanger sa place avec son portrait. Normalement le portrait serait resté beau tandis que l'homme vieillirait, serait parsemé de rides. Dorian souhaita que les rôles s'inversent. Un peu comme il nous arrive de penser qu'on souhaiterait bien la mort ou un accident à quelqu'un. Ça reste fabulation. Sauf dans le cas de Monsieur Gray. Il ne s'en rendit pas compte immédiatement bien sûr.

    « Qu'importe ce qu'il pouvait advenir de la figure peinte sur la toile ? Dorian serait épargné. Rien d'autre ne comptait. »

    Le début était ainsi. C'est "parti d'un rien" si je puis me permettre. Viens alors la fin. Ce que je connaissais de Dorian, avant ce livre et ce film, c'était ce que j'avais aperçu du film La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Et oui, il y a un Dorian Gray dedans ! Il avait été vaincu par son propre portrait, en le regardant. Ce n'est pas ainsi que ça fonctionne réellement. Au contraire. Dorian prend le temps de contempler la dégradation de son portrait. Du moins pendant un temps. C'est tout de même hideux arrivé à un moment je vous rappelle. Je ne vais pas vous offrir l'information toute crue, ce ne serait pas sympa de ma part de vous dévoiler comment Dorian finit.

    « Mais il ne commit jamais l'erreur de stopper son développement intellectuel en acceptant solennellement une croyance ou un système. »

    En revanche, contrairement à ce que j'ai pu m'imaginer par la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Dorian n'a pas vécu des centaines d'années. Pas même un siècle. Si je suis exacte, il a eu cette "malédiction" à sa dix-huitième année. Il en passera dix-huit autres. Il aura moins de quarante ans lorsque l'histoire prendra fin. Ce qui est très loin de ce qui a pu être décrit par le premier film que j'ai pu voir. Le second, en revanche, reste plus fidèle sur ce fait. Tout cela pour dire que, bien qu'il ait possédé une sorte de pouvoir d'immortalité, il n'en aura pas profité si longtemps que ça. Ce qui n'est pas plus mal, lui qui s'ennuyait déjà de la vie ! Dorian a eu le temps de passer par tout. Le dandysme, la mode, les bijoux, les tapisseries, le darwinisme... Il a pris le temps de s'intéresser à des dizaines de sujets et de céder à la richesse. Il ne lui restait plus rien à découvrir du monde après toutes ces années qu'il vivait à une allure folle.

    « Il détestait se séparer du portrait : il tenait une place trop importante dans sa vie. »

    À quelques rares moments Dorian vire à la folie. En lisant le texte elle semble venir soudainement à partir de rien. Comme avec Basil. Je n'ai toujours pas compris comment il en est arrivé à de tels actes. Ca lui a pris d'un coup. Je n'en saisis toujours pas les raisons. Il n'a cependant des gestes ou paroles de ce genre qu'une à deux fois. Il est, le reste du temps, conscient de ce qu'il fait et protège son "secret". Quand on a un secret, malheureusement, on a tendance à céder un peu à la paranoïa. Dorian n'y échappa pas. Son comportement devint étrange pour les bourgeois qu'il fréquente, faisant courir des rumeurs.

    « Le mensonge nous permet seulement de multiplier notre personnalité. »

    Ce que je retiendrais le plus du Portrait de Dorian Gray est l'influence qu'exerce notre entourage et ce à quoi cela peut conduire.

     

    Comme il me reste encore plein de citations, je vous les offre en bonus :

    « Toujours est un mot vide de sens. »

    « Devenu héritier du titre quelques mois plus tard, il s'était consacré avec ardeur à l'art éminemment aristocratique de ne faire absolument rien. »

    « Moins on parlera des laideurs de la vie, mieux cela vaudra. »

    « On donne toujours volontiers ce dont on a le plus grand besoin soi-même. C'est ce que j'appelle le comble de la générosité. »

    « Ce portrait serait pour lui le plus magique des miroirs. Il lui devait la révélation de sa beauté. Il lui devrait également la révélation de son âme. »

    « - [...] Ce qui est fait est fait. Le passé est le passé.
    - Vous appelez hier le passé ?
    - Le temps n'y est pour rien. Seuls les êtres inférieurs mettent des années à se remettre d'une émotion. »

     


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  • Commentaires

    1
    Norkia Profil de Norkia
    Jeudi 4 Juillet 2013 à 13:44

    J'ai tellement aimé ce livre !!! J'avais découvert Oscar Wilde à travers ses citations et sa personnalité, puis avec The Importance of Being Ernest (que j'ai lu en vo, étonnament hilarant pour un livre du 19ème siècle !), et si j'ai également rencontré deux traductions différentes, c'est la plus ancienne et la plus "longue" (il me semble) que j'ai immédiatement préférée.

    Si je suis de façon général d'accord avec ton point de vue sur le livre, j'ajouterais que le personnage de Basil est très, très intéressant : il est le seul à rester lucide et critique face aux discours de Henry, qui font passer très élégamment des idées parfois affreuses. Si Henry est le diable qui tente Dorian, Basil est son ange gardien. Et s'il pourrait paraître fade à côté de personnages comme Henry qui ont une personnalité particulière, un charisme certain, il ne l'est pas grâce à sa passion pour Dorian, sa muse, il gagne ainsi en profondeur, ce personnage "bon" possède quand même des passions, dans le sens désuet du terme. De plus, Basil apporte un nouveau point de vue sur le personnage que s'est créé Oscar Wilde lui-même, car Henry et l'auteur se ressemblent sur certains points. Peut-être Wilde propose-t-il aussi une critique de toutes ces belles phrases qu'il prononce, mais qui sont souvent paradoxales, contradictoires, car comme Henry, il ne les pense pas toutes, elles sont destinées à faire réagir cette société victorienne coincée et à prouver sa virtuosité en réthorique.

    Je vais m'arrêter maintenant, sinon ce ne sera plus un commentaire mais un roman ! Bref. Ca fait une éternité que je n'ai pas revu "la ligue des gentlemen extraordinaires" (et je n'ai toujours pas lu la bande-dessinée qui a pourtant l'air bien !), et je ne me souvenais pas que Dorian Gray y apparaissait, je vais donc y remédier et refaire ma culture dès que possible !

    2
    Mercredi 10 Juillet 2013 à 21:41

    J'espère pouvoir lire The Importance of Being Ernest en anglais également :) Je suis tombée sur un article à ce sujet le mois dernier dans un magazine et j'ai eu envie de me lancer dans cette lecture. Je ne me le suis juste pas encore procuré.

    Tu fais une véritable analyse de ce titre :P En même temps, il y a tant à dire sur Le Portrait de Dorian Gray... Je trouvais déjà que j'en avais trop écrit -_- C'est gentil d'y ajouter des compléments :)

    3
    Norkia Profil de Norkia
    Dimanche 14 Juillet 2013 à 17:06

    Aaaah ouais. C'est vrai que ça fait un gros commentaire... je ne m'en rendais pas compte quand je l'ai posté !  (en fait, Basil est un de mes personnages préférés de l'histoire, et comme tu parlais plus des autres personnages dans ton article -ce qui est logique- j'en ai profité pour déverser toutes les idées qui trottaient dans ma tête depuis que je l'ai lu !)

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